Je me réjouis de contribuer à la liberté de mouvement des bébés depuis 5 ans déjà. La liberté, l’un des 3 éléments de notre triptyque national, l’une des valeurs à laquelle je suis viscéralement attachée et que j’ai à cœur de transmettre à mes enfants.
Faire l’expérience de la liberté dès les premiers temps d’éveil, c’est prendre le chemin le plus court vers une vie d’adulte épanouie. C’est la sécurité et donc l’Amour qui autorise le plaisir dans la liberté.
C’est parce que le bébé se sent entouré physiquement et sécurisé qu’il pourra faire sereinement l’expérience du vide autour de lui et celle de la liberté de se mouvoir sur son tapis. Ses expériences vont se traduire par une multitude de tentatives, alternant erreurs et réussites sous le regard confiant et encourageant du parent. Tout cela le conduit à devenir compétent : compétent à maîtriser le mouvement de ses bras, de ses jambes, compétent à se retourner, prendre appui, s’asseoir etc… Et plus cet apprentissage se fait librement, plus il ancre l’estime et la confiance que tout être humain devrait être en droit de ressentir à propos de lui-même.
C’est cette confiance dans ses propres expériences, son propre cheminement, la valeur immense de son propre ressenti que je cultive chez mes enfants. Je les encourage à refuser l’arbitraire, à questionner les règles, à trouver leur sens ou à les redéfinir avec l’adulte ou le groupe qui en est à l’origine. Et si j’ai envie d’être une maman consciente et respectueuse, ce n’est pas seulement pour satisfaire mon ego, mais parce que j’ai le sentiment que c’est la clé pour accompagner les adultes libres de demain.
Mais depuis plusieurs mois je ressens un immense découragement, je ne sais plus pourquoi ni comment expliquer à mes enfants et en particulier à mon fils de 6 ans l’intérêt de masquer son visage et d’évoluer dans un monde dans lequel les adultes cachent leurs sourires et imposent les “tests” et des “isolements” pour une maladie qui ne les concerne pas. Le port du masque chez les enfants n’est pas ou très faiblement efficace à prévenir les infections et même s’il l’était, la balance bénéfice-risque globale est clairement, lourdement en sa défaveur. Nous avons – malheureusement – aujourd’hui plusieurs mois de recul pour observer l’impact délétère que les parents dotés de bon sens et les professionnels éclairés de la petite enfance craignaient déjà en 2020 :
- Augmentation importante des tentatives de suicides
- Hausse des hospitalisations en psychiatrie pédiatrique
- Baisse des capacités cognitives pour les plus jeunes et notamment retards de langage
- Difficultés d’apprentissage, anxiété
Alors, être attentif à ne pas enfermer nos enfants dans des rôles genrés ou stéréotypés, apprendre le consentement aux enfants, accueillir leurs émotions, repérer nos violences ou notre tendance à l’adultisme, s’engager pour une éducation respectueuse, c’est challengeant et passionnant, mais dans le même temps lorsqu’on banalise à ce point la maltraitance et qu’on encourage cette autorité arbitraire, j’avoue que les bras m’en tombent.
Le découragement m’est venu aussi des images de notre premier ministre évoluant sans masques dans une ambiance de fête
Comment envoyer après ça mon ado de 15 ans au lycée en lui demandant de respecter les gestes barrières ?
Si notre humanité n’avait pas systématiquement fait le choix de protéger et de préserver ses enfants, nous ne serions pas là pour regarder la triste histoire qui se déroule sous nos yeux.
Nous sommes d’ailleurs le pays d’Europe avec l’Italie et L’Espagne les plus coercitifs sur cette question. Ce n’est sans doute pas un hasard si la Suède a placé l’intérêt supérieur de l’enfant au dessus du débat covid : les écoles n’ont jamais fermé, les enfants n’ont pas été mis en quarantaine et ils n’ont jamais été masqués : la parentalité douce, la primauté de la famille, l’école libre, joyeuse fondée sur la coopération, le jeu, la découverte VS la notation, la compétition et la suprématie de l’adulte pour notre système à la française. Je vous laisse comparer l’impact sur l’épidémie et la mortalité et évaluer aussi l’impact global des mesures sur la population (moral, confiance, économie…).
Celles qui me réconfortent depuis 2 ans, ce sont celles qui ont fermé les yeux sur les masques sous le menton ou laissés dans le cartable, celles qui baissent le leur régulièrement pour donner à voir leur sourire en entier, celles qui ont continué à chanter les comptines à pleines dents, celles qui n’ont pas isolé l’enfant “cas contact” dans une pièce en attendant l’arrivée du parent contaminé, celles et ceux qui n’ont pas regardé le nom ou la date de naissance sur le pass, celles qui ont dit que c’était ok l’air complice, merci à vous. Celles et ceux qui vous ont offert la confiance pour évoluer librement au sol et dans votre vie peuvent être fiers de l’adulte que vous êtes devenu.
En attendant que les sourires soient à nouveau autorisés dans nos écoles, j’invoque Charlie Chaplin, dans le rôle du barbier résistant (le dictateur) :
“Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas le malheur. Nous ne voulons ni haïr ni humilier personne. Dans ce monde, chacun de nous a sa place et notre terre est bien assez riche pour nourrir tout le monde. Nous pourrions tous avoir une belle vie libre mais nous avons perdu le chemin (…) Vous, le peuple, en avez le pouvoir : le pouvoir de rendre la vie belle et libre, le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure. Alors au nom même de la Démocratie, utilisons ce pouvoir. Il faut nous unir, il faut nous battre pour un monde nouveau, décent et humain qui donnera à chacun l’occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité.”
Références :
De l’anxiété au suicide, les enfants fortement touchés par la crise sanitaire
Chronique d’une psy – De l’urgence de rassurer nos enfants
Risques à court terme du covid 19 pour les enfants